Ce matin mercredi 8 août, en partenariat avec le comité local de l'A. N. A. C. R. et en présence de son président, M. Vernon, de Mme Brigitte Allain - député -, de M. Dominique Rousseau - maire de Bergerac - et de M. Borderie, adjoint représentant M. Jean-Pierre Peyrebrune - maire de Monbazillac - et des portes-drapeau, Couze a rendu son traditionnel hommage aux Résistants de notre commune et à leurs compagnons à Bergerac, Monbazillac et devant notre monument aux morts.

Leurs actions, leur force, leur courage ont été tels que leurs familles, leurs amis et les Couzots sont tous encore émus lorsque nous leur rendons hommage chaque année, le 8 août.

Tous ces hommes, qui ont donné leur vie ou qui ont été prêts à la donner, les hommes de la Résistance, sont pour nous tous des exemples.

Derrière la pose d’une bombe pour stopper un train ennemi, derrière les combats avec des armes de fortune, derrière la chasse à la noirceur, il y a la différence, il y a le respect de soi, le respect des autres et celui de l’humanité tout entière.

Nous devons nous souvenir que dans chacun de nos choix, nous nous projetons, nous agissons sur notre avenir à tous.

Ces hommes et ces femmes ont eu la force de caractère de réfléchir, de s’opposer à ce qu’on leur imposait. Ils ont eu le courage de combattre pour notre avenir à tous.

Le Bergeracois fut au cœur d'affrontements terribles avec les troupes allemandes et c'est à Couze qu'était le siège du groupe Sam Jaurès.

Le 6 juin 1944, la population couzotte elle-même se soulève contre l'ennemi et constitue une unité - la compagnie 2218 des Francs Tireurs et Partisans Français -, compagnie qui prend part aux actions de la Résistance dans le sud bergeracois pour immobiliser ou entraver les mouvements de l'ennemi.

Leur camion tombe en panne à Monbazillac et ils demandent alors à Etienne Valade de leur en prêter un pour aller le tracter. Un chauffeur – René Versannes – 33 ans – 4 enfants – se propose alors de conduire le camion … mais "pas aujourd'hui … Je n'ai pas le temps. Je vous y amènerai demain …".

Telle est la vie … Tel est le destin d'un homme … Il se joue à peu de choses …

Car, le lendemain …, à l'occasion de ce dépannage, les Allemands sont déjà là à les guetter …

Innocentio Fernandez – notre ami qu'on appelle affectueusement 100 kg ou Néné et à qui tous pensent particulièrement aujourd'hui – saute, s'enfuit dans les vignes … à l'opposé de la colonne allemande … et voit certains de ses amis se jeter "dans la gueule du loup" … Il hésite … Son frère – Thomas – 16 ans - a la malchance en sautant du camion de coincer sa canadienne dans le levier de vitesse … Innocentio ne peut rien faire ni pour lui, ni pour les autres mais relatera le courage avec lequel son petit frère a affronté le combat, tirant jusqu'au bout de ses cartouches sur l'ennemi …

Tout comme René Versannes et Thomas Fernandez, Gérard David – 18 ans –  ne reviendra pas vivant dans notre village … Il mourra à Monbazillac.

René Versannes et Thomas Fernandez seront traînés à Bergerac, qu'ils traverseront les mains sur la tête ..., le jeune Thomas appelant au secours – "aidez-nous … Ils vont nous fusiller …". Hélas, personne ne pouvait venir à leur secours … Les Allemands leur feront creuser leur tombe au bout des Vergnes où ils les fusilleront.

Aujourd’hui, nous nous réunissons pour rendre hommage non seulement à nos trois amis morts ce jour-là, mais encore à tous ces hommes qui ont lutté, qui ont souffert, qui sont allés jusqu’au bout de la victoire.

A travers leurs familles - les soeurs de Gérard David, de Thomas et Innocentio Fernandez, les enfants de René Versannes - qui sont là depuis ce matin et le rappel de ce que fut leur agonie au bout des Vergnes à Bergerac ou dans les vignes de Monbazillac, les Couzots leur adressent leur infinie reconnaissance pour cet engagement, ce sacrifice de leur vie.

Ils nous ont rendu notre liberté et sont des icônes qui font partie de l'histoire couzotte. La mémoire de leur sacrifice ici, à côté du Monument aux Morts, s'affiche sur les plaques des trois rues du Maury bas. Elles sont là pour dire combien leur volonté et leur spontanéité dans la lutte contre l'ennemi n'ont pas été vaines.

"Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre ; par la résistance, il assure la liberté." Ces phrases sont un extrait de Propos d'un normand  du philosophe Allain.

Elles définissent et représentent exactement ce que ces jeunes hommes qui ont fait la Résistance ont incarné ici, à Couze, et dont ils sont les symboles : les citoyens de Couze, les citoyens de Saint-Front, LE CITOYEN COUZOT !

Et c'est en hommage à ces résistants qu'une gerbe a été déposée par Mme le Député Brigitte Allain, M. Guy Cavaillé représentant M. le Conseiller Général Serge Merillou, M. le président de l'A. N. A. C. R. Jean Vernon, Mme le Maire de Couze-et-Saint-Front Véronique Dubeau-Valade, les familles de René Versannes et Thomas Fernandez et en présence de la soeur de Gérard David.