Les gabarres peuvent revenir sur quatre kilomètres entre Saint-Capraise et Couze
Frédéric Gontier, le président du syndicat du canal latéral de la Dordogne, se bat de longue date pour rouvrir l’ouvrage fluvial aux bateaux et aux gabarres© PHOTO LOÏC MAZALREY
Le canal de Lalinde, en Dordogne, tient sa revanche. 87 ans après son éviction de la nomenclature des Voies navigables de France (VNF), l'ouvrage fluvial a gagné le droit d'être à nouveau emprunté par les gabarres qui ont fait jadis sa réputation. Certes, les autorisations délivrées par le ministère des Affaires maritimes ne sont que partielles : sur les 15 kilomètres que compte le canal, seuls les quatre kilomètres qui relient Saint-Capraise-de-Lalinde à Port-de-Couze sont réellement concernés par le décret ministériel.
Mais qu'importent les chiffres, l'histoire, celle qui s'écrit avec un grand H, est bel et bien en marche. « C'est extraordinaire de penser que cette pépite du patrimoine local va revivre », s'enthousiasme Frédéric Gontier, l'énergique président du syndicat intercommunal du canal de Lalinde. « Et dire que certains voulaient le boucher pour élargir la route départementale qui passe à côté… Nous avons tous bien fait de nous mobiliser pour lui rendre la place qu'il mérite. »
Combien y croyaient ?
Le combat, reconnaît Frédéric Gontier, a été « particulièrement long et difficile ». Il y a encore dix ans, hormis la cinquantaine de militants de l'association de recherche historique Les Pesqueyroux, rares étaient ceux qui croyaient à une hypothétique résurrection du canal. « Il a fallu convaincre que le projet n'était pas une lubie, mais une fantastique opportunité de développement pour le Pays lindois, explique le président du syndicat. À force d'insister, les élus ont fini par nous suivre. »
En 2008, les 10 délégués des cinq communes traversées par le canal (Mouleydier, Saint-Capraise-de-Lalinde, Baneuil, Lalinde, Mauzac) ont accepté de bonne grâce de financer la construction de deux pontons à Saint-Capraise-de-Lalinde et Port-de-Couze et de trois passerelles à Saint-Capraise-de-Lalinde et Lalinde, sans lesquels le retour à la navigation du canal n'aurait jamais été possible. « Le problème était physiquement indépassable, les passerelles étaient trop basses pour que les embarcations puissent passer en dessous. Depuis, les travaux ont permis de relever tout ça », indique Frédéric Gontier, qui a suivi de près l'ensemble des chantiers jusqu'à leur aboutissement en 2012.
Fin des travaux, fin de la récréation : la gabarre « Henri-Gonthier », qui coulait depuis trop longtemps des jours peinards dans le grand bassin à canards de Saint-Capraise-de-Lalinde, a naturellement été choisie pour inaugurer la nouvelle voie de navigation. Actuellement sur cale pour cause de toilettage bisannuel, celle qu'on croyait à jamais condamnée à faire des ronds dans l'eau est encore assez solide et fiable pour assurer les promenades sur le canal. « Les tests que nous avons organisés récemment se sont révélés très concluants », précise le président du syndicat du canal.
Tours opérateurs
Le Conseil municipal de Saint-Capraise-de-Lalinde lancera prochainement un appel d'offres pour tenter de trouver des candidats à la gestion de la gabarre par délégation. « L'idée, c'est de pouvoir proposer la première balade dès le début de la prochaine saison estivale, glisse Laurent Péréa, le maire de Saint-Capraise-de-Lalinde. Nous travaillerons dans un premier temps avec des tours opérateurs qui proposeront la promenade au programme de leur circuit. Pour les particuliers, nous verrons plus tard. »
Le projet touristique - "Saint-Capraise, village batelier > Couze, village papetier" - porté simultanément par Laurent Péréa et Véronique Dubeau-Valade en partenariat avec Frédéric Gontier pour leurs deux communes respectives verra-t-il le jour avec la nouvelle Municipalité ?